Brook et moi, c'était fusionnel. Mon rêve promener mon beauceron sans laisse : il ne s'éloignait jamais. Nous avons fait des promenades inoubliables. Avec lui, je ne craignais rien.

Un jour, dans un sentier très isolé, un personnage a mine patibulaire apparait, j'ai frémi, mais sans rien dire, Brook est allé au devant lui faire ce que j'appelais "sa danse du ventre" c'est à dire, des déplacements en zig-zag, qui empêchaient l'intrus d'avancer ... et c'était si bien réglé que le type a dû s'écarter sur le bas côté où Brook l'a accompagné sur plusieurs dizaines de mètres.

Je ne comprends pas que le maître qui avait su dresser ce chien capable de faire face à toutes situations ne l'ait jamais recherché.

De tous nos chiens, il restera le plus inscrit en moi...

Avec lui, j'ai découvert des endroits encore sauvages, comme j'aime, je ne craignais pas de m'enfoncer au plus profond des bois, loin de tout.

Un souvenir se détache de cette période, comme hors du temps de la realité, plutôt écrit dans un livre de contes.

C'était en avril 2011, un beau matin mumineux où tout semble léger. Nous marchions sur un chemin assez large pour que je le prenne  pour une route, borde de halliers. Un parfum subtil et intense à la fois m'envoûtait... à droite une nappe d'un bleu soutenu attire mon regard. Des milliers de jacinthes, si serrées, qu'on ne voyait que ce bleu .. Je m'approche à gauche, une autre nappe aussi bleue, à droite une autre encore.  ........... j'allais de l'une à l'autre... sans fin ... je ne sais pas jusqu'où je serais allée. Un moment où l'on ne réfléchit plus ... où on  ne s'appartien plus.

Tout à coup, je me rends compte que de telles étendues de fleurs ne peuvent se trouver que dans une propriété privée, protégée des promeneurs depuis lontemps. A l'idée de rencontrer un garde et d'être considérée comme une de ces mal éduquées qui ne respectent rien, la honte me prend, je n'ai plus qu'une idée, sortir avant d'être vue ! comme une coupouble. Mais impossible de retrouver mon chemin. Affolée, je regarde Brook ... qui bifurque et se retourne. Je le suis, à travers broussailles, orties, mais en confiance ... entre mon chien et moi, il y a une complicité encore jamais ressentie. Sans détours, en droite ligne, je me retrouve devant un grillage. Brook le longe, m'indique un passage. Nous nous retrouvions sur la route .... et au plus près de ma voiture. 

A suivre .....

E.L.