• Cheval ......

    Le regard d'un cheval m'a toujours bouleversée par la tristesse et la peur qu'on y découvre.

    On le sent attiré par un besoin de tendresse, si on lui parle doucement, mais sur ses gardes, frémissant au plus profond de son être, prêt à fuir au moindre bruit inhabituel.

    Quand je taillais mes rosiers, notre jument me suivait la tête sur mon épaule, mais l'arrivée d'une mobylette pétaradante sur la route la faisait fuir au fond de la pâture avec un hennissement de frayeur.

    Ce contraste entre la puissance de l'animal et cette fragilité psychique m'a longtemps étonnée.

    L'explication a été donnée par un amoureux des chevaux qui leur a consacré sa vie !

    Depuis que le cheval a rencontré l'homme, il n'a connu que douleurs. Aucune espèce n'a été aussi mal-traitée par ceux qu'elle a servis. Aucune espèce n'a été utilisée pour sa force comme machine productive et non pas comme être vivant et encore moins sensible.

    Pourtant la sensibilité du cheval est peut être la plus acerbée de l'espèce animale.

    Qu'ont-ils connu ces chevaux depuis des millénaires : le travail jusqu'à épuisement, toujours plus comme un moteur que l'on pousse à fond, le massacre sur les champs de bataille et comme récompense : l'abattoir.

    Voilà pourquoi dans l'évolution leur mémoire a inscrit cette peur ancestrale dans les gênes de l'espèce.

    Peut-on imaginer, les bataille de l'antiquité où les éperons acérés fixés sur les chars des adversaires tranchaient leurs jarrets, les jetaient au sol écrasés par leurs congénères érperonnés par leurs cavaliers dans la mêlée qui rend les hommes fous de haine et les bêtes folles de terreur. Dès que la poudre fut inventée au moyen âge, le fracas des explosions s'ajoutait à la fureur humaine.

    Et la retraite de Russie, où les blessés s'abritaient dans le ventre des chevaux morts, et la guerre sanglante 14/18.....

    Utilisés pour leur force, rien non plus ne leur fut épargné.

    Peut-on imaginer ces chevaux tournant sur place à devenir fous des journées interminables à entrainer des roues, des norias des poulies.

    Et pire encore .

    Ces chevaux qu'on descendait dans l'obscurité des mines, qui y passaient leur vie entière sans connaître l'air pur, l'herbe, devenus aveugles à ne jamais voir la lumière du jour, à tirer inlassablement les mêmes wagonnets sur les mêmes rails, ne remontant, usés donc inutiles, que pour aller à l'abattoir, fin inéluctable après cette sinistre vie à servir l'homme.

    Ô ! les photos de Doineau de ces files de chevaux attaché les uns derrière les autres menés à la Villette ! Le photographe a des images poignantes. 

    Parfois même la tuerie se passait en pleine rue devant les boucheries.

    Et les coups qui pleuvaient sur les chevaux de fiacre jusqu'à effondrement et nouvelle pluie de coups.

     

    C'est ce qu'ils ont subi sur la voie publique qui a fait promulguer la loi Gramont à l'origine de la SPA. Cett loi se contentait d'interdire les sévices choquants. Sur la voie publique, non pas pour protéger l'animal, mais pour en éviter le spectacle aux passants.

     

    Et maintenant qu'ils n'ont plus d'utilité ni pour le travail ni pour les combats, on extermine sans scrupules tous les chevaux de trait. Interdits sur les routes dans les pays de l'est, ils finissent en lasagnes. Mais encore !! Pour rejoindre les abattoirs situés à des milliers de km on leur inflige d'ultimes souffrances, entassés vivants dans des camions exposés parfois à des températures caniculaires, sans eau, descendus dans les meilleurs cas a des "haltes européennes", pour  boire et remonter à coups de trique dans leur enfer, les plus épuisés mourant piétinés par leurs compagnons de malheur, battus à mort pour leur faire comprendre que le "temps c'est de l'argent".

    Voilà comment l'être humain considère l'espèce chevaline : non pas comme un être vivant, mais comme un instrument, moin bien qu'une machine.

    Et cette machine exploitée  au delà de tout, pour l'achever, il la bouffe !!!!


    E. Lecuyer

     

     


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