• Notre merveilleux beauceron Brook a été empoisonné le jour des obsèques de mon mari, le jeudi. Il est décédé sous perfusion à la clinique dans la nuit de samedi à dimanche, lui qui ne me quittait jamais, est mort seul dans sa cage. Le jour j’allais lui tenir compagnie, il a fallu qu’il s’éteigne la nuit, sans moi, alors que le samedi soir quand je l’avait quitté il était mieux. Le mieux avant la fin.

     

    Ma petite Ludine s’est mise à déprimer, elle avait vu partir son maître puis son compagnon. Elle ne comprenait pas, attendant à la grille du matin au soir, refusant de s’alimenter, de rentrer, inquiète, affolée. Depuis, elle refuse de monter dans ma voiture, la petite bête se laissait mourir, son regard me questionnait, en vain !

     

    Je suis donc partie au refuge, chercher le plus malheureux : un croisé labrador sable traumatisé, la queue repliée sous le ventre, le dos rond, un air de chien battu au regard perdu…

     

    Il avait été enlevé sur plainte des voisins. Le maître s’absentait 2 ou 3 jours, le chien seul dans l’appartement au rez de chaussée aboyait sans discontinuer du matin au soir, sans se lasser. Le voisinage n’en pouvait plus ce n’était plus vivable.

     

    L’enlèvement a été spectaculaire, il ne manquait personne à l’appel excédé des voisins. Police, presse, ODA, refuge … imaginez le chien tapi sous la table face à une telle arrivée en fanfare.

    Conduit au refuge, craintif, terrorisé, il avait peur de tous ses congénères.

     

    Je l’amène chez moi, et tout de suite, le coup de foudre entre lui e ma Ludine. Il découvre l’espace, la nourriture régulière à laquelle il n’est pas habitué, il couche dans ma chambre, toutes les portes intérieures sont fermées.

     

    Le lendemain matin, je descends à la cuisine, le beurrier sur la table est vide, impeccablement nettoyé, couvercle posé à côté.

    De mon gaz à la table, il y a un mètre. Je me cuis un filet de poisson, je le dépose d’une main dans mon assiette de l’autre, je déplace la poêle, je veux verser la sauce, le filet a disparu, je n’ai rien vu !

    Le surlendemain, toujours portes intérieures fermées, je trouve la cuisine inondée, la porte du congélateur sous le frigidaire est ouverte et tout est dégivré :

    Je range un bon quartier d’un Brie à point dont j’escompte un vrai régal dans une boite Tupperware, sur l’appui de fenêtre pour qu’il soit à bonne température, plus de boite !!! je l’aperçois sur la pelouse…..couvercle à coté, plus de Brie. L’air en dit long sur l’identité du coupable… Pas besoin de chercher.

     

    Pour la première fois, mon pêcher m’a donné 2kg de pêches savoureuses … Je pose le panier d’osier sur le plan de cuisine et je pars à la mairie assister à une réunion après avoir bien vérifié toutes les portes, poussé la table de cuisine contre la porte de la salle .. Les chiens sont dans l’entrée, leur place favorite sur l’escalier, leur observatoire.

     

    Je rentre 1h30 après … Plus de panier, plus de pêches !! où sont-elles passées, la grille était hermétiquement fermée, toutes les portes aussi.

    C’est incroyable !! qui a pris mon panier de pêches ??

    J’aperçois des brins d’osier par ci par là, mais les pêches ? et les noyaux ??

    Plus noyau, il a tout bouffé le panier, les pêches et les noyaux. Il n’est même pas incommodé et n’a même pas été malade.

     

    Une autre fois, c’est une boite Tupperware fermée contenant une autre boite où 3 paquets de filets de harengs sont recouverts d’huile, d’oignons, de carottes et de laurier…

    La boite est ouverte impeccablement nette . ….. et pas une tache autour, ni vu, ni connu, plus trace des filets !!!

    Si tout n’était pas toujours bien fermé, je me demanderais qui se sert chez moi …

     

    Cela a duré 5 mois de plus en plus rarement mais en dépit de toutes mes précautions, il y avait encore parfois, la faille qui m’avait échappée, pas à lui !

     

    Pourquoi ? Habitué seul des jours sans rien, il fallait bien qu’il subvienne par lui-même à ses besoins. Intelligent, il savait ouvrir les portes, celles de meubles, du congélateur, hélas, rien à tirer des produits gelés, mais sait-on jamais !

     

    Ce chien en prenait quant il y en avait pour les jours sans …

     

    Plus voleur, impossible.

     

    Allais-je le reconduire ?? Patience, il en a fallu. Si je l’avais reconduit, il aurait recommencé ailleurs et toujours de main en main… Inadoptable  après à jamais… un banni de partout. Et maintenant ????

    Je peux le laisser en tête à tête avec les meilleures choses, il n’y touche plus ! l’autre jour, j’ai laissé tomber son régal, un petit pain aux raisins dans l’allée, il me l’a apporté ….

     

    Il fallait le comprendre : longtemps en lui, la peur si je m’en allais même quelques intants.

    -         quand va-t-elle revenir ?

    -          je vais encore rester seul ….

    Des jours, des nuits sans rien ….

    Alors des aboiements désespérés à chaque absence, le besoin de trouver de la nourriture.

     

    Que de patience, mais un animal voleur quand il arrive chez un nouveau maître, c’est un animal qui a été privé, attendons qu’il soit rassuré au lieu de le rejeter, de le condamner. On prend des précautions, on range, on veille et ça finit forcément…

    E.L.

     

    Wesley
    c'est si bon de se rouler sur   une puanteur, Mr n'est pas content d'avoir du passer au bain, avant la sieste !!

    Patience suite .......7

    Patience suite .......7

     

     


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  • Le regard d'un cheval m'a toujours bouleversée par la tristesse et la peur qu'on y découvre.

    On le sent attiré par un besoin de tendresse, si on lui parle doucement, mais sur ses gardes, frémissant au plus profond de son être, prêt à fuir au moindre bruit inhabituel.

    Quand je taillais mes rosiers, notre jument me suivait la tête sur mon épaule, mais l'arrivée d'une mobylette pétaradante sur la route la faisait fuir au fond de la pâture avec un hennissement de frayeur.

    Ce contraste entre la puissance de l'animal et cette fragilité psychique m'a longtemps étonnée.

    L'explication a été donnée par un amoureux des chevaux qui leur a consacré sa vie !

    Depuis que le cheval a rencontré l'homme, il n'a connu que douleurs. Aucune espèce n'a été aussi mal-traitée par ceux qu'elle a servis. Aucune espèce n'a été utilisée pour sa force comme machine productive et non pas comme être vivant et encore moins sensible.

    Pourtant la sensibilité du cheval est peut être la plus acerbée de l'espèce animale.

    Qu'ont-ils connu ces chevaux depuis des millénaires : le travail jusqu'à épuisement, toujours plus comme un moteur que l'on pousse à fond, le massacre sur les champs de bataille et comme récompense : l'abattoir.

    Voilà pourquoi dans l'évolution leur mémoire a inscrit cette peur ancestrale dans les gênes de l'espèce.

    Peut-on imaginer, les bataille de l'antiquité où les éperons acérés fixés sur les chars des adversaires tranchaient leurs jarrets, les jetaient au sol écrasés par leurs congénères érperonnés par leurs cavaliers dans la mêlée qui rend les hommes fous de haine et les bêtes folles de terreur. Dès que la poudre fut inventée au moyen âge, le fracas des explosions s'ajoutait à la fureur humaine.

    Et la retraite de Russie, où les blessés s'abritaient dans le ventre des chevaux morts, et la guerre sanglante 14/18.....

    Utilisés pour leur force, rien non plus ne leur fut épargné.

    Peut-on imaginer ces chevaux tournant sur place à devenir fous des journées interminables à entrainer des roues, des norias des poulies.

    Et pire encore .

    Ces chevaux qu'on descendait dans l'obscurité des mines, qui y passaient leur vie entière sans connaître l'air pur, l'herbe, devenus aveugles à ne jamais voir la lumière du jour, à tirer inlassablement les mêmes wagonnets sur les mêmes rails, ne remontant, usés donc inutiles, que pour aller à l'abattoir, fin inéluctable après cette sinistre vie à servir l'homme.

    Ô ! les photos de Doineau de ces files de chevaux attaché les uns derrière les autres menés à la Villette ! Le photographe a des images poignantes. 

    Parfois même la tuerie se passait en pleine rue devant les boucheries.

    Et les coups qui pleuvaient sur les chevaux de fiacre jusqu'à effondrement et nouvelle pluie de coups.

     

    C'est ce qu'ils ont subi sur la voie publique qui a fait promulguer la loi Gramont à l'origine de la SPA. Cett loi se contentait d'interdire les sévices choquants. Sur la voie publique, non pas pour protéger l'animal, mais pour en éviter le spectacle aux passants.

     

    Et maintenant qu'ils n'ont plus d'utilité ni pour le travail ni pour les combats, on extermine sans scrupules tous les chevaux de trait. Interdits sur les routes dans les pays de l'est, ils finissent en lasagnes. Mais encore !! Pour rejoindre les abattoirs situés à des milliers de km on leur inflige d'ultimes souffrances, entassés vivants dans des camions exposés parfois à des températures caniculaires, sans eau, descendus dans les meilleurs cas a des "haltes européennes", pour  boire et remonter à coups de trique dans leur enfer, les plus épuisés mourant piétinés par leurs compagnons de malheur, battus à mort pour leur faire comprendre que le "temps c'est de l'argent".

    Voilà comment l'être humain considère l'espèce chevaline : non pas comme un être vivant, mais comme un instrument, moin bien qu'une machine.

    Et cette machine exploitée  au delà de tout, pour l'achever, il la bouffe !!!!


    E. Lecuyer

     

     


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